Ce petit livre de 140 pages seulement offre un accès substantiel au dossier de la recherche théologique, historique et biblique, qui a occupé les membres de la commission d’étude (6 hommes + 6 femmes) mandatée par le Pape François en août 2016, dont l’auteur fit partie.
On connaît assez bien l’aspect polémique du dossier : la question du diaconat féminin, et plus largement du rôle des femmes dans l’Église, ne cesse d’apparaître comme un défi à l’horizon de la vie de l’Église.
La commission a rencontré trois sortes de difficultés :
1. Qu’entend-on par ordination aux premiers temps de l’Église ?
2. Comment éviter l’anachronisme en parlant de théologie sacramentaire ?
3. Que signifie l’unité du sacrement de l’Ordre ?
Même néophyte, le lecteur peut suivre à la trace les mentions de la « diakónissa » (diaconesse) dans les textes anciens, découvrir les rituels de sa consécration (avec ou sans imposition des mains ?), et finalement assister à sa disparition – beaucoup plus tardive qu’on le croit : au moment de la réforme grégorienne au XIIe siècle, qui unifie nombre de pratiques ecclésiales et fixe la doctrine du célibat des prêtres, contribuant par là à renforcer la distinction entre laïcs et clercs.
Que faire aujourd’hui d’une histoire aussi contrastée ? L’histoire importe, mais ne suffit pas.
Le rétablissement du diaconat permanent masculin après le concile Vatican II a ouvert une porte vers la possibilité, voire la nécessité, d’une théologie plus autonome d’un ministère que le second millénaire a largement compris et vécu comme une simple étape – signifiante, mais transitoire – vers l’ordination sacerdotale.
L’histoire ne s’arrête pas là. En 2009, par le motu proprio Omnium in mentem, Benoît XVI apporte un appui inattendu à une vision plus subtile, plus autonome, du diaconat. L’ouverture aux femmes des ministères de lecteur et d’acolyte, en janvier 2021 (Spiritus Domini), et la création du ministère de catéchiste, en mai 2021 (Antiquum ministerium), montrent que le pape François veut aller dans une direction qu’ébauche également ce livre.
Moïsa Leleu
Version condensée de la recension complète publiée sur le site de la revue Vies Consacrées, avec l’accord du recenseur.
Le livre est disponible ici.
