
François Boëdec sj
Comme un long samedi Saint
Libres propos sur l’espérance
Disponible aux
Editions Loyola – Cerf
–
Le livre de ce mois est de ceux qui se résument difficilement sauf à nier ce qu’ils sont. L’auteur nous invite en effet dans les méandres d’une réflexion profonde et nuancée ; résumer ses propos serait transformer ce petit chemin au rythme lent en une autoroute qui amène sans détour à destination ! Je vais donc vous partager quelques points et impressions pour vous donner le goût d’aller plus loin.
L’auteur, François Boëdec sj, aujourd’hui recteur de l’université Saint-Joseph à Beyrouth, a été le premier provincial de la nouvelle province d’Europe occidentale francophone de 2017 à 2023. Il nous livre ici une réflexion enracinée dans la foi, sur la vie personnelle comme sur la vie du monde.
Proposer en décembre un « livre du mois » qui évoque Pâques et le samedi Saint : paradoxe ! Pas tant que cela : c’est bien d’attente et d’espérance qu’il s’agit. Et le samedi Saint est dans la liturgie catholique un jour sans célébration, un jour de silence entre la croix et le tombeau vide du matin de Pâques. Dans cet espace – temps, toutes les questions sont possibles ; il n’y a plus de certitude. C’est bien aussi le chemin de l’Avent : celui d’une attente. Pour l’un comme pour l’autre, nous connaissons la suite. Il n’en reste pas moins que François Boëdec nous invite à habiter ce temps de silence de nos doutes, de nos interrogations, de nos convictions, sans éluder les sujets d’actualité. Ce texte personnel est aussi nourri de l’Ecriture et d’auteurs divers d’hier et d’aujourd’hui et ont élargi, pour lui comme pour nous, l’espace de la réflexion et des possibles.
Une ligne le guide toutefois : comment, en ces temps troublés, garder l’espérance ? il en voit des signes dans la vie chrétienne et le monde.
Un livre à lire par petits morceaux pour en déguster la saveur.
Petite citation pour ce temps de Noël :
« Ce qui est premier, et qui permet donc une réponse, c’est que Dieu a désiré ce monde, cette création, par amour. Et au cœur de la création, l’Homme. Il n’a pas de cesse de désirer de nous rencontrer, d’établir avec nous une relation d’amour. L’homme est la préoccupation de Dieu. En effet, Dieu n’est pas une individualité close sur elle-même, mais un être qui est puissance d’expression de soi, et comme telle source de relation, tourné vers un vis-à-vis qu’il s’est donné. Avons-nous toujours bien conscience de cela ? Cette extraordinaire nouvelle d’un Dieu qui se déplace pour nous rencontrer ? Il sort de la distance sacrée dans laquelle nous voulons si souvent l’installer, l’enfermer, le tenir à distance, et il prend l’initiative, désirant plus que tout autre chose nous rejoindre, nous parler, nous appeler par notre nom. Avec l’Incarnation, tout s’inverse. C’est Dieu qui vient, et désormais nous ne sommes plus laissés à nos propres forces. » pp 169-170

