LDM – Avril 2025

Sr Anne Lécu op

Le Seigneur n’était pas dans le feu
ÉLIE – Cantate sur le silence de Dieu

Disponible aux Éditions du cerf


« Elie est un vieil ami, un personnage qui m’accompagne depuis longtemps. J’ai le souvenir d’avoir choisi un de ses textes pour ma prise d’habits de sœur dominicaine. Ce qui m’a particulièrement motivée à le relire, c’est le contraste saisissant entre deux épisodes de sa vie : celui où il réussit, au nom de son Dieu, à mettre le feu à l’holocauste, ridiculisant les prophètes de Baal, divinité païenne – il se prend vraiment pour une star, on peut le dire ! – et le moment suivant où il découvre que Dieu n’est pas dans le feu, mais dans une « voix de fin silence ». Ce contraste nous invite à remettre à leur place les succès d’apparence. Ce n’est pas parce que tout réussit très bien que Dieu est forcément là. Peut-être qu’il se trouve, bien plus encore, dans des choses modestes, discrètes, qui ne se voient pas. »

Avec ces quelques mots extraits d’une interview qu’Anne Lécu a donné à la Croix – Hebdo du 14 février 2025, tout ou presque est dit de son projet dans cet ouvrage.

Elle allie la rigueur théologique et la spiritualité profonde de la croyante et nous propose un parcours, au travers du premier Livre des Rois (chapitres 17 à 22) et l’introduction du 2e livre, à la découverte d’Elie, qualifié d’homme de Dieu, appelé plusieurs fois par Lui à se mettre en mouvement. Chaque lieu de son parcours est l’occasion d’un approfondissement de qui est Dieu et de ces attentes à son égard : les rives du Kerit, Sarepta, le mont Carmel, l’Horeb, la vallée du Jourdain.

Elle met en lien ce texte bref avec d’autres récits de l’Ancien Testament (Genèse, Exode, Jérémie entre autres), elle n’hésite pas, non plus, à relier la figure d’Elie à celle du Christ, comme le fait de manière très claire l’évangile de la Transfiguration sans être le seul.

Elle invite finalement tout croyant à prendre le texte, à relire à travers lui la vie d’Elie telle qu’elle nous est transmise, pour se questionner sur son image de Dieu, son rapport à Lui, le sens de la réussite mais aussi l’espérance.

Un ouvrage assez court – 180 pages – qui se lit aisément mais n’hésite pas pour autant à creuser. L’auteur a la bonne idée d’insérer le texte qu’elle va commenter : ainsi est-il possible de lire son livre sans se déconnecter du texte, mais en y replongeant sans cesse et en le goûtant.

En ce temps pascal, les derniers mots résonnent tout particulièrement :

« On cherche toujours les disparus bibliques pendant trois jours. Il arrive que le troisième jour, un jardinier soit là et vienne consoler celles et ceux qui ne se sont pas fatigués de chercher. Dans un murmure de fin silence, le parler doux du jardinier retourne les entrailles de celle ou de celui qui l’entend : « Rabbouni » (Jean 20, 16).

Forum Saint-Michel, Bruxelles © 2025 - Tous droits réservés