LDM – Mars 2025

Michel Fedou sj

La compassion de Dieu
Retour au coeur du christianisme

Disponible aux Éditions Desclée de Brouwer

La compassion est un devenu un terme à la mode mais moins sans doute que celui d’empathie. L’appliquer à Dieu est-il une manière de rendre compte de ce Dieu auquel nous croyons ou de lui appliquer des sentiments humains ? La question préoccupe l’histoire.

Michel Fedou commence son ouvrage, érudit et néanmoins très lisible, en essayant de définir le terme de compassion. Il peut être approché des termes de : sympathie, sollicitude, pitié, bienveillance, miséricorde, … selon l’époque, l’un ou l’autre sera privilégié ; le langage courant les rendra quasi-synonymes : il n’en demeure pas moins qu’ils apportent des nuances différentes.

Au terme d’un premier parcours par la philosophie, Michel Fédou tente une définition :

«  Retenons en premier lieu que cette disposition implique à la fois distance et proximité : distance, car l’être qui compatit n’est pas à la place de celui ou de celle qui souffre ; proximité , car nous ne pouvons compatir qu’avec quelqu’un dont nous nous rendons proches au point de nous laisser affecter par sa souffrance et si possible de lui venir en aide… Retenons d’autre part que la compassion n’a pas été comprise comme un simple sentiment mais, chez certains penseurs au moins comme une disposition fondamentale de l’être humain. »

Il plonge ensuite dans les Ecritures pour montrer comment, dès le début de l’Alliance, il est possible de dire que Dieu compatit avec son peuple, avec l’humanité.

Ainsi, dans l’Ancien Testament est-il question d’un « Dieu qui s’approche ». Jésus, dans sa vie humaine, compatit, il est aussi objet de compassion au cœur de son dépouillement extrême.

Les Pères de l’Eglise vont témoigner aussi d’un Dieu compatissant, s’éloignant de la vision de la mythologie puis de la philosophie grecque. Au cours de l’histoire une question taraude : Dieu peut-Il être le tout Autre et partager des affects humains ? D’aucuns le diront impassible mais pas sans compassion. Ou pour reprendre une mise en garde conciliaire : « si grande que soit la ressemblance entre le Créateur et la créature, on doit encore noter une plus grande dissemblance entre eux » (4ème concile de Latran – 1215).

La question ne cessera d’occuper philosophes et théologiens.

Elle sera reprise au XXème siècle, sous 2 axes :

Dieu face à la souffrance humaine – face aux tragédies de l’histoire (et tout particulièrement aux génocides) : Weil, Bonhoeffer, Moltmann. François Varillon donnera pour titre à un de ses ouvrages « Souffrance de Dieu », publié un an après « Humilité de Dieu ». Pour ne citer qu’eux.

Miséricorde et compassion divine, qui ouvrira e.a. à une éthique du « care » pour développer une véritable théologie de la compassion. Dieu est amour, il est compatissant !

Michel Fedou poursuit avec un parcours de la littérature et des arts et s’intéresse aux autres religions et particulièrement au bouddhisme.

Et de conclure : « il faut donc bien parler en ce sens de la compassion de Dieu. Mais il faudrait aussi, ou plus encore, parler de la joie de Dieu…. La compassion est grande ; telle est la compassion de Dieu, bien au-delà de ce que nous pouvons concevoir. La joie est plus grande encore ; telle est la joie de Dieu, infiniment. »

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