Confinés mais confiants

Bruxelles. Trente jésuites vivent à la communauté Saint-Michel, au cœur du collège Saint-Michel, aujourd’hui déserté par ses 2200 élèves. L’église Saint-Jean Berchmans, qui accueille habituellement près de 1500 fidèles par week-end, reste ouverte pour la prière et la méditation solitaires. Comment s’organise la vie quotidienne et la vie spirituelle en communauté ? Comment les jésuites poursuivent-ils leurs apostolats ? Témoignage du P. Tommy Scholtes sj.

Une devise : « Confinés, mais confiants ». Un désir : que personne ne tombe malade… Pour cela, nous gérons, en communauté, le sens de la responsabilité citoyenne et solidaire. Acheter du gel pour se désinfecter les mains, se séparer aux repas pour n’être plus que trois plutôt que cinq par table, supprimer les serviettes en tissu, mettre un peu de désinfectant par-ci par-là et, pour le reste, demeurer dans son bureau/chambre… Voilà les faits. Dans la communauté Saint-Michel, nous avons la chance d’avoir une cuisinière, qui nous prépare d’excellents repas, et des confrères, qui aident volontiers. Certains services s’inventent : dresser les tables, faire des courses, ranger des lieux communs…

Saint-Jean Berchmans, notre église, ne peut plus accueillir de célébrations publiques, mais reste cependant ouverte, du moins à ce jour. Individuellement, quelques personnes viennent prier dans les lieux où elles aimaient tant se retrouver au sein d’assemblées dynamiques et chantantes. Les bougies, la musique, l’éclairage montrent que l’église est habitée. Les personnes prient devant le tabernacle ou devant la statue de la Vierge. En silence. Par moments, le silence est lourd, à d’autres moments, il semble plus fort qu’un chant. Les prêtres passent régulièrement à l’église, et des personnes demandent à se confesser, en maintenant les distances !

Pour maintenir le lien avec les fidèles (près de 1500 personnes par week-end), j’envoie, plusieurs fois par semaine, une lettre électronique « Bonjour des Amis de l’église ». Textes de réflexion, homélies, informations, échos des paroissiens, demandes d’intention, propositions de services… Le contenu est varié. Les demandes d’abonnement sont en augmentation… Plus de 500 personnes reçoivent cette lettre à présent.

En communauté, les messes sans invités permettent de se répartir en petits groupes selon les horaires choisis. L’adoration du dimanche soir rassemble plus que jamais. Parfois, nous diffusons, sur Facebook, nos messes de communauté, à 18.30. Ce rendez-vous est apprécié par les paroissiens et nos amis.

Les pastorales à l’extérieur ne sont plus autorisées ; le téléphone permet de garder le lien… Pour dire bonjour, pour écouter. Les gens ont besoin de parler, posent des questions, s’interrogent… La consigne communautaire est d’ailleurs d’appeler et d’appeler… pour autant que nous ne soyons pas, nous-mêmes, contactés. Les téléphones sonnent sans cesse.

Le Forum Saint-Michel a dû, lui aussi, arrêter ses cours, séminaires et conférences. Les conférences de Carême à l’église sont suspendues… et Pâques ne pourra pas être célébré. Comment et à qui parler de la renaissance de la vie, ce jour-là ? J’essaierai d’y répondre à la mi-avril…

Tommy Scholtes sj