Un seul Christ, plusieurs Églises ?

Cours par Bernard Pottier
Premier semestre 2021-22

À la veille de sa mort, Jésus a prié instamment son Père « pour que tous soient un » (Jn 17,11.21.22). L’œcuménisme n’est donc pas ‘facultatif’ dans l’Église, il est une demande expresse de Jésus, formulée dans son ultime prière à son Père.

Pendant longtemps, l’Église fut une. On parle de l’Église Une des 7 premiers conciles œcuméniques, même si certaines dissensions avaient déjà eu lieu. L’histoire des divisions de l’Église est fortement liée à l’histoire des empires romains d’Occident et d’Orient. Le premier disparut en 476, tandis que le second subsista 1000 ans de plus, jusqu’en 1453 ! D’où l’importance de l’Église de Rome pour l’unité de l’Occident. D’où aussi les tensions récurrentes entre l’Orient et l’Occident et la rupture consommée en 1054.

Nous verrons aussi comment l’Occident fut lui-même menacé une première fois de schisme, suite au départ des papes vers Avignon.

La Réforme

Nous n’avons pas fini, aujourd’hui, de gérer les ruptures suscitées par Luther, Calvin et quelques autres. La distance prise par l’anglicanisme est toute différente, mais non moins problématique .

Pour dessiner le visage de l’Europe depuis la Réforme, il n’est peut-être pas inutile de faire une allusion à l’Islam et au judaïsme, entre autres à la reconquista, puis à l’expulsion dramatique des Juifs hors de l’Espagne catholique en 1492.

Les pionniers de l’œcuménisme

Les nombreux missionnaires protestants, envoyés au loin pour annoncer le Christ unique, mais divisés entre eux, ont été les premiers à désirer à nouveau l’unité. Leurs efforts ont été remarquables, mais la dispersion subsiste pourtant toujours.

Du côté catholique, il faut signaler l’œuvre de Paul Couturier, initiateur de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, et le travail du groupe des Dombes.

Le concile Vatican II a été décisif, non seulement par son texte Unitatis Redintegratio, mais aussi par les gestes œcuméniques forts qu’il suscita : accueil d’observateurs non catholiques, amitié entre Paul VI et le patriarche Athénagoras, levée bilatérale de l’excommunication de 1054 …

Et aujourd’hui, le travail continue. Un accord important a été signé entre luthériens et catholiques en 1999 sur la question de la justification. La récente constitution apostolique de Benoît XVI, Anglicanorum Coetibus, tente une ouverture du côté anglican, qui ne fut pas très suivie. Les théologiens continuent à réfléchir aux questions du sacerdoce, et aux possibilités d’inter-communion eucharistique, notamment dans un diocèse comme Strasbourg, où énormément de couples sont mixtes.

Ce cours tentera, par l’histoire et la réflexion, d’informer nos jugements pour les nuancer et les assouplir. Une meilleure connaissance de l’autre peut nous conduire à un désir de rapprochement, et à un respect des desseins de Dieu dans l’histoire, lui dont la patience est de toujours à toujours.